Ziani : « Aller vers la formation, un passage obligatoire»

L’ancien maître à jouer de l’EN a été un témoin privilégié du CHAN en assistant à plusieurs matchs de l’EN. Il nous livre, dans cet entretien, son avis sur le niveau de notre sélection et n’omet pas d’encenser ses anciens coéquipiers de 2010 qui forment le staff technique de cette sélection.

 

Comment jugez-vous le parcours de l’EN A’ au CHAN 2022 ?

J’ai assisté à 4 matchs de ce tournoi, pour moi, l’objectif a été atteint avec la qualification en finale et une défaite aux tirs au but. Notre sélection est à féliciter pour le parcours qu’elle a accompli. Au début, elle était un peu en difficulté, néanmoins, elle est montée en puissance au fil des matchs.

 

Peut-on l’assimiler à un exploit vu le niveau de notre championnat national qui n’arrive plus à produire des joueurs de talent ?

Bon, on ne va pas s’enflammer ! Nos adversaires n’étaient pas d’un niveau si élevé. Concernant notre sélection, j’ai constaté qu’il y avait des automatismes et une complémentarité entre les joueurs. Cela dénote le bon travail accompli par le staff technique, faut-il le souligner, car comme vous l’avez signalé, notre championnat national ne produit plus de joueurs de talent. Pour assurer une bonne représentativité dans ce CHAN, il fallait user d’autres solutions, en mettant en place une stratégie de jeu pour camoufler nos carences, et cela a bien marché, comme l’illustre notre beau parcours dans ce tournoi.

 

Hélas pour la sélection des locaux, on ne sait pas encore quelles seront les prochaines échéances auxquelles elle y prendra part…

Franchement, le principal challenge est de rendre le championnat national plus fort. Cela passe inévitablement par la création d’académies partout dans notre pays. Dans cinq ou six ans, on commencera à récolter les fruits. Il faut aller vers la formation, et dans un pays comme le nôtre, il est plus facile de détecter de jeunes joueurs, lesquels, avec une bonne prise en charge, seront dans un délai court de grands joueurs. Le CHAN est fini, il est temps d’engager une véritable réflexion pour sortir notre championnat de l’ornière.

 

C’est l’appel lancé par Madjid Bougherra après la finale de samedi…

Je pense qu’il a raison. On a énormément de talents dans notre pays. Le Sénégal et le Maroc ont compris depuis longtemps qu’il fallait créer des académies. Aujourd’hui, ces deux pays récoltent le fruit de cette politique de formation. L’Algérie est un grand pays, on doit donner la chance à notre jeunesse pour pouvoir émerger. On a tout ce qu’il faut, un pays magnifique, des stades ultramodernes, ça donne plus d’envie de pratiquer le football, pour peu qu’on mette le paquet dans la formation. Je suis sûr et certain qu’on sera les plus forts en Afrique si jamais on réussit à mettre en place ce projet.

Y a-t-il des individualités qui ont attiré votre attention dans ce CHAN ?

Sincèrement, je ne connaissais pas beaucoup de joueurs de cette sélection, mais j’ai constaté que cette dernière repose sur un bon collectif. J’ai vu deux ou trois éléments qui étaient pas mal, mais comme je l’ai dit, cette équipe avait des automatismes et reposait sur un bon état d’esprit. C’est ce qu’il faut pour réussir dans de tels challenges.

 

Autrement dit, le mérite revient en premier au staff technique, non ?

C’est clair, le staff technique a fait du bon travail, mais les joueurs aussi, ils ont du mérite car ils ont parfaitement bien adhéré à la méthode de travail de leur entraîneur. Les compétences de ce jeune staff technique, associées à la farouche détermination des joueurs à faire honneur à leur pays ont permis à l’EN d’atteindre son objectif principal. Tout le monde est donc à féliciter pour cet excellent parcours.

 

Mahious, depuis le ratage de son penalty, subit un lynchage sur les réseaux sociaux, notamment…

Il faut comprendre la frustration des supporters ; même moi, qui étais dans les tribunes dans la peau d’un supporter, j’ai été très déçu. Humainement, c’est une réaction normale car il est très compliqué d’oublier un tel cauchemar. Mahious n’est pas le premier ou le dernier footballeur à rater un penalty dans une rencontre importante. Il ne faut l’enterrer par rapport à ce ratage qui peut arriver à n’importe quel joueur au monde.

 

Avez-vous parlé avec Madjid Bougherra après la finale ?

Si, je l’ai eu au téléphone, c’était vite fait. On ne s’est pas éternisé sur cette défaite, car je comprends son amertume. Perdre en finale, c’est une énorme déception, même si le parcours accompli dans ce tournoi atténue cette déception, je le pense. Au vu des énormes sacrifices consentis par le staff technique et les joueurs, on aurait aimé remporter le trophée. Malheureusement, la chance n’était pas de notre côté, c’est cela qui m’attriste le plus.

 

A propos du staff technique, il est composé d’anciens coéquipiers de la génération 2010 ; cette réussite d’emblée, que vous inspire-t-elle ?

Je m’en doutais car dans ce staff, il y a de la compétence. C’est une bonne chose que de leur faire confiance. De mon côté, je suis content pour eux, même si j’avais ardemment souhaité qu’ils remportent le trophée. Malgré les débuts dans ce métier ingrat d’entraîneur, ils ont fait du bon boulot, c’est le pays qui va profiter à l’avenir de leurs compétences

 

Votre initiative avec Antar Yahia de venir les soutenir dans ce CHAN a été appréciée par les Algériens…

D’abord, ce sont d’anciens coéquipiers, c’est la moindre des choses qu’on peut faire. On désirait vivre de près l’évènement avec eux. Cependant, pour être honnête, on ne s’est pas déplacé spécialement pour encourager nos anciens coéquipiers mais pour soutenir notre sélection. C’est l’amour de la patrie qui nous a poussés à venir en Algérie (lui et Antar résident en France) pour encourager les Verts dans ce tournoi et participer avec le peuple à la fête du football africain.

 

Ça ne vous donne pas envie de venir bosser en Algérie ?

J’ai toujours déclaré que mon envie est de faire profiter mon pays de ma modeste expérience dans le haut niveau ; je suis prêt au cas où…

 

Mais pour un projet sportif sérieux ?

Non, je souhaiterais bosser dans un projet stable, car parfois, on a tendance à vous vanter un projet sérieux, mais dedans, on constate que c’est loin d’être le cas.

 

 Avez-vous reçu des propositions en Algérie ?

Je n’ai reçu aucune, mais comme je l’ai dit, je suis disposé, voire motivé à apporter ma contribution, surtout que si demain, on se projette dans la formation. J’ai bien envie d’être dans ce projet qui me tient vraiment à cœur. Je veux rendre service à la jeunesse de mon magnifique pays.

 

Pour rester dans ce sillage, votre première expérience à la JSK fut des plus éphémères, les raisons ?

Vous connaissez la situation de la JSK qui a de très gros problèmes à ce jour. Disons que le contexte n’était pas favorable pour moi afin de mener à bien la mission que la direction du club m’avait confiée.

 

Honnêtement, ce n’était pas les attaques méchantes sur votre personne, mais surtout les réseaux sociaux qui vous ont poussé à claquer la porte…

Pas du tout. C’est vrai que le climat à la JSK est délétère avec une guerre de clans qui porte lourdement préjudice à la bonne marche de l’équipe.

 

Ça vous fait mal de voir le club dans cette situation ?

Évidemment, ça fait très mal, la JSK, c’est un monument du football algérien puisqu’on parle du club le plus titré du pays. Ce n’est pas normal de le voir dans une si longue traversée du désert. Les grands clubs peuvent traverser une mauvaise passe, mais ils relèvent vite la tête. La JSK ne doit jouer que dans le haut niveau du football algérien et africain.

 

Le rachat du club par Mobilis laisse entrevoir un avenir meilleur…

Pas spécialement la JSK, tous les clubs professionnels du pays doivent avoir les mêmes moyens afin d’avoir à l’avenir un championnat plus attractif.

  1. S.

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