Belmadi : «La défaite du Qatar contre l’Algérie était un mal pour un bien »

Belmadi a tout gagné avec Al Duhail au Qatar ; il a aussi remporté la coupe du Golfe avec la sélection du Qatar et cette dernière ne cesse de s’améliorer. Avec son titre de champion d’Asie décroché aux Emirats, le sélectionneur algérien Belmadi connaît parfaitement cette équipe, mais ne cache pas son ébahissement après l’exploit de ce groupe de joueurs qu’il connaît très bien. Il revient dans cette interview accordée au journal qatari Al-Watan sur le match perdu contre l’Algérie. Pour lui, c’est le match qui a permis à cette équipe de se réveiller et d’atteindre le sommet.  

Pour commencer coach, que pensez-vous de l’exploit réalisé par la sélection du Qatar en coupe d’Asie et le titre décroché sur le sol emirati ?

C’est un exploit, un grand exploit qui a une grande valeur, car c’est la première fois que cela arrive. C’est vrai que lors de chaque coupe, le peuple espère aller loin, mais je présume que personne n’a pensé qu’on était en mesure d’aller au bout et décrocher le titre, surtout lorsqu’on prend en considération les derniers résultats en coupe du Golfe lorsque l’équipe est sortie au premier tour. C’est ça le charme du football, ce n’est pas une science exacte, et il est impossible de deviner l’identité du vainqueur d’un tournoi avant sa fin.

Vous qui étiez sélectionneur de cette équipe, quel a été le point fort de l’équipe durant ce tournoi ?

Je crois que c’est tout un cocktail de paramètres qui ont poussé cette équipe vers l’avant. Quand on voit la jeunesse de cette équipe, on comprend d’où venaient la motivation du groupe et la concurrence loyale instaurée en son sein. Chacun aussi faisait son travail comme il se doit, sans oublier l’organisation. Certes, il y avait des joueurs qui manquaient terriblement d’expérience, mais ils ont pu compenser cela par l’envie et n’ont eu peur d’aucun adversaire. J’ai vu aussi le banc de touche où il y avait des joueurs qui ne jouent pas dans leur équipe. J’étais d’ailleurs étonné de leur présence, mais c’est sûrement dû à des blessures. En somme, il n’y avait pas de stars, tout le monde jouait pour un seul objectif.

Lors de la dernière interview que vous nous avez accordée, vous avez déclaré que le Qatar irait loin dans cette compétition ; sur quoi vous êtes-vous basé pour faire ce pronostic ?

On a joué le Qatar en match amical et j’ai vu l’enthousiasme avec lequel ils ont joué, la passion qui les animait. Certes, ce n’était qu’un match amical, mais ils n’ont pas digéré la défaite. C’est un bon état d’esprit de vouloir gagner même en amical ; on peut dire que la défaite face à l’Algérie a eu l’effet escompté. C’était un mal pour un bien pour le Qatar, ils ont pu corriger leurs erreurs commises contre nous, surtout qu’avant nous, ils ont réalisé de bons résultats contre la Suisse, l’Islande et l’Equateur. La défaite contre l’Algérie était une leçon ; elle a eu le mérite de réveiller tout le monde. La sortie d’El Âannabi du premier tour de la coupe du Golfe et la non-qualification à la Coupe du monde 2018 étaient des surprises, mais juste après, il y a eu une grande correction. On a interjeté du sang neuf dans le groupe, des éléments qui avaient faim de s’affirmer. Toutes ces choses m’ont permis de donner le bon pronostic.

Est-ce que c’était une surprise pour vous ?

Ça l’était pour tout le monde, car le Qatar n’avait jamais remporté cette coupe, sans oublier, comme je l’ai dit, la sortie au premier tour de la coupe du Golfe. C’est pour ça que le résultat final a surpris plus d’un.

Qu’est-ce qui a attiré votre attention dans cette équipe : le niveau, la façon de jouer, la combativité, la résistance ou le défi?

Tout cela. Je crois que le coach Sanchez a tout fait dans le bon sens, que ce soit ses choix, sa tactique, sa façon de jouer, d’autant qu’il y avait dans le groupe de nombreux joueurs du groupe des U19 qui a remporté la Coupe d’Asie. Il a su aussi s’adapter avec chaque match ; il a pu tester cela contre la Suisse et l’Islande. C’est pour ça que les joueurs ont pu appliquer les consignes selon le cours et les conditions de chaque match. Il y a aussi certains joueurs qui ont fait un grand tournoi et affiché un niveau magnifique. Certes, tout le monde a brillé, mais il y a eu des leaders et des joueurs-clés, à l’image de Boualem Khoukhi qui a joué son rôle de capitaine comme il se doit, que ce soit au milieu ou en défense. Il y a aussi Bessam Raoui et Tarek Salmane, qu’on n’a pas vu beaucoup avec leurs clubs respectifs, mais qui ont défié les difficultés, aussi Madbo qui a brillé au milieu avec sa combativité, Moez Ali était exceptionnel, mais ce dernier n’a pas surpris ; je le connais assez, c’est un excellent joueur et surtout modeste et très sérieux. C’est un exemple à suivre, tu peux le trouver en défense, au milieu comme en attaque ; il a décroché le titre de meilleur joueur et meilleur buteur, que demander de plus ? Il a tout donné, que Dieu le bénisse ! Tout le monde était présent ; ils méritent nos félicitations et nos encouragements. Ces trois-là, ainsi qu’El Hidous, Akram Afifi et Bessam et Saad Chaib ont attiré mon attention.

Que pensez-vous de tous ces talents qui se sont imposés fermement dans ce tournoi, alors qu’ils ne jouent pas titulaires en club ?

C’est vrai, de nombreux joueurs n’ont pas eu cette chance comme Madbo, Bassam Al-Rawi et Tareq Salman, le reste a plus de chance. Je pense que les premiers cités auront du mal à accepter le banc. Par exemple, quand j'étais entraîneur à Al-Duhail, je coordonnais toujours avec les dirigeants du club afin de donner une chance aux jeunes, en particulier à ceux qui avaient de bonnes aptitudes techniques. C'est aussi ma philosophie d’entraîneur. Je sais qu'il y a une priorité pour l'équipe et une autre pour les sélections. On a pris la décision de prêter certains joueurs comme Muntari, Madibo et Bakri pour qu’ils aient leur chance avec d’autres clubs. Je pense que le moment est venu pour que les clubs donnent à ces joueurs une chance de jouer plus qu’avant.

Pensez-vous que l’équipe actuelle aura une participation positive à la prochaine Coupe du monde 2022 ?

Je pense que le travail se poursuivra après les succès en Asie et que les responsables doivent savoir qu’après avoir atteint le sommet, il sera normal de connaître une baisse de forme, vu qu’il est difficile de maintenir ce sommet. C'est le cas de nombreuses équipes et de grands clubs tels que l'Allemagne, l'Algérie, le Brésil et d'autres. Les joueurs ont le droit d’être heureux et de célébrer, mais ils doivent ensuite retourner au travail et viser le meilleur. Je pense que participer à la Copa America sera très bénéfique pour le Qatar. C’est une bonne idée et apportera de nombreux avantages aux joueurs grâce à leurs contacts avec les meilleures équipes au monde, surtout que le Qatar est sur le point de participer à la prochaine Coupe du Monde 2022 et constituera donc une importante étape de préparation pour cette génération, en particulier les plus jeunes dont la plupart seront présents lors de la prochaine Coupe du monde.

In Al-Watan.com (Qatar)

 

 

 

  

 

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